​

Du fait du volume accru de cette partie du cerveau chez les gaucher, la densité des échanges interhémisphériques est plus importante chez eux, ce qui leur permettrait de traiter l’information plus rapidement d’un hémisphère à l’autre.

Ayant remarqué cette différence anatomique au niveau du cerveau entre droitiers et gauchers, deux chercheurs en neurosciences de l’Australian National University, N. Cherbuim et C. Brinkman, ont mené une étude, détaillée dans un article écrit pour l’édition de la revue Neuropsychology de Novembre 2006, sur 80 droitiers et 20 gauchers. Le but de l’étude était de vérifier si les gauchers ont un temps de transmission d’information d’un hémisphère à l’autre plus bas que celui des droitiers, et analyser les avantages cérébraux que cette différence pouvait générer

​

La première expérience menée par les chercheurs australiens servait à mesurer la vitesse de transmission de l’information d’un hémisphère. Elle calculait les temps de réaction des différents sujets pour signaler la perception de points lumineux blancs dans leurs champs visuels droits et gauches. Les gauchers ont globalement enregistré des temps de réponse plus rapides par rapport aux sujets droitiers.

​

Les chercheurs ont alors comparé ces résultats à ceux obtenus au cours d’une seconde expérience qui allait requérir une utilisation des deux hémisphères en même temps. Au cours de celle-ci, les sujets avaient pour tâche de pairer des lettres quand celles-ci apparaissaient dans leurs champs visuels droit et gauche. Les résultats furent catégoriques : les sujets gauchers enregistraient de façon générale des temps plus bas que leurs compagnons droitiers, certains arrivant même à pairer les lettres 43 ms plus rapidement que ces derniers. Ainsi, cette rapidité de transmission d’informations entre hémisphères permet aux gauchers d’être plus efficaces que leurs compagnons droitiers quand il s’agit de faire face à de multiples stimuli (Tout élément physique, chimique ou biologique capable de déclencher des phénomènes dans l'organisme, notamment des phénomènes nerveux, musculaires ou endocriniens.)

​

​

Mais quelle est la relation de ces résultats avec l’escrime ? De façon générale, les humains ont tendance à utiliser les deux hémisphères du cerveau quand ils se trouvent devant des situations où ils doivent traiter beaucoup d’informations à la fois et qui nécessitent une réaction rapide. Or nous retrouvons ce type de scénario dans la vaste majorité des sports, et plus particulièrement en escrime ). De ce fait, les gauchers étant plus efficaces quant à la coordination des deux hémisphères de par le volume accru de leur corps cailleux, ce qui fait d’une part que la densité des échanges interhémisphériques soit plus importante chez eux et que leurs connections interhémisphériques soient plus rapides d’autre part, leur cerveau réagira plus vite face à de multiples stimuli. Or il se trouve que le tireur, comme nous l’avons précisé dans la "Partie II: La latéralité oeil-main croisée", se trouve face à une grande quantité de signaux lors d’un match. Face à ses situations, le cerveau d’un gaucher pourra donc envoyer un signal plus rapidement aux muscles impliqués dans un mouvement de réponse, générant ainsi une réponse plus rapide que chez les droitiers. Ces quelques millisecondes de différence, dans le cadre de l’élite mondiale, vont avoir une énorme influence sur les résultats des compétitions. Ce sont elles qui, entre autres, expliquent la surreprésentation des gauchers entre les meilleurs fleurettistes du classement mondial.

​

​

​

​

​